Déconfinement : comment gérer ce retour à la normale ?

     Sept semaines. Pour la plupart, c’est le temps que nous aurons passé chez nous lorsque le déconfinement commencera.
Le temps, dictateur implicite de nos journées, a décidé de prendre des vacances dans le courant du mois de mars. Après tout, c’était bien la première fois.
Et de notre côté, nous nous sommes imposés une question : qu’allons-nous faire de tout ce temps libre ?

     Dans un premier temps, nous avons tenté de regarder ce que faisaient nos voisins, cherché des bons plans sur les réseaux sociaux, visionné des « tutos » sur internet, demandé conseil aux amis. En réalité, on a voulu se rendre utile, ne pas perdre de temps, ne pas être inactif et rester performant.

Englués dans notre perpétuel besoin de résultats, nous avons voulu suivre le guide du parfait confiné et nous sommes devenus nos pires ennemis. Nous nous sommes imposés une discipline quand on ne nous demandait qu’une seule chose : l’inaction.

     D’un point de vue psychologique, le confinement a fait office d’une thérapie accélérée pour tous les maniaques du contrôle (et dieu sait comme nous sommes nombreux). Tous égaux face au manque de prise sur la situation, il nous a fallu accepter l’inacceptable : l’absence de contrôle absolu.

     Alors il a fallu s’adapter, lâcher prise, gérer l’incertitude, faire tomber les barrières et dans l’ensemble, on ne s’en est finalement pas trop mal sorti.
Nous nous sommes rapprochés de l’essentiel et on a tout doucement déculpabilisé. Déculpabilisé de ne pas être sorti, de ne pas avoir bossé, de s’être rapproché de nos proches, de ne pas avoir repeint la cuisine, pas appris le finnois ou être devenu un fou de jogging, d’avoir laissé les enfants devant Netflix, du bain de soleil de 13h, de la sieste du lundi après-midi, du verre de vin en trop et du bac à linge en retard.
Durant un court instant, l’oisiveté a retrouvé ses lettres de noblesse.

     Nous avons vécu près de deux mois sous un autre rythme et aujourd’hui, nous nous rapprochons graduellement du déconfinement. Et d’un coup d’un seul, un nouveau paramètre s’ajoute et perturbe l’équation : la crainte d’un retour à la normale et à la triade métro-boulot-dodo.

     L’expression « gagner sa vie » est bien la pire de toutes. Après tout, que vaut-elle si elle est accompagnée du sentiment de passer à côté des choses qui comptent réellement ?
Bien entendu, nous vivons tous avec certaines exigences de confort, mais certaines d’entre elles méritent-elles ce qu’on s’inflige chaque jour ?

     A titre d’exemple, dans les cabinets de psy, les signaux de somatisation n’ont jamais été aussi nombreux : douleurs musculaires et articulaires inexpliquées, céphalées redondantes, troubles digestifs et alimentaires, fatigue et/ou insomnie chroniques. L’humain a pris pour habitude de s’essouffler et surtout de ne pas s’en plaindre. Ensuite, le corps a naturellement pris le relais.

     Aujourd’hui, nous avons peut-être l’occasion de reprendre un meilleur rythme en tentant de tirer des leçons de cette expérience et en pointant du doigt le dénominateur commun : un manque de temps de qualité.

     Pour ce faire, il est important de prendre le temps de (re)poser ses limites personnelles, conscientiser ses réels besoins, s’offrir davantage d’occasions d’accomplissement personnel, se recentrer sur l’essentiel et réaffirmer ses priorités. Se calquer sur la métaphore du masque à oxygène : s’équiper d’abord et respirer à fond. Vous serez ainsi mieux à même de penser à la suite.

     Bien entendu, les réponses et les solutions varieront pour chacun de nous. Ce dont nous avions réellement besoin, c’était de sortir la tête du guidon pour répondre à ces questions avec le recul nécessaire. Pour bon nombre d’entre nous, c’est chose faite.

     Face à cette multitude de réflexions, je vous propose de commencer par celle-ci : quel est le plus petit changement que vous pourriez opérer dans votre vie et qui puisse améliorer votre quotidien ?

     Une fois que vous tiendrez la réponse, passez ce contrat avec vous-même et mettez-le en œuvre.

Il s’agira de votre première pierre à l’édifice.

A vous de jouer.

Covid-19 : L’humanité enfin réunie autour d’une cause commune ?

          En pleine crise sanitaire et à l’aube d’une crise économique qui entrera certainement dans l’histoire, l’humain est-il en train de découvrir une réalité jusque là inédite ? Une mise à l’arrêt forcée et salvatrice ?

          Psychologue de formation, je rencontre chaque jour des patients épuisés, déprimés mais avant tout, pressés.

Epuisement professionnel, couple en détresse, difficultés parentales, rupture du lien familial : manque de temps pour soi et manque de temps pour les autres.
Aujourd’hui, le Covid-19 rebat les cartes.

          Mais là où chacun prévoyait des altercations sévères en zone de confinement, on constate pourtant un étrange apaisement. Certaines familles semblent avoir pris de nouvelles marques : face à des parents présents, certains enfants et adolescents se montrent aussi plus collaborants. Chacun de nous a retrouvé du temps, du temps précieux. Le temps d’être ensemble, le temps de se parler, de s’écouter, de partager, de se redécouvrir. Le temps des embouteillages, le temps minuté et stressant du matin, le temps trop court en soirée et la sacro-sainte organisation du dîner, du bain, du coucher.

Les familles ont sorti les jeux de société, les plus petits sont aidés des ainés : chacun prend enfin conscience qu’il s’agit là d’un fragile équilibre qui pourrait lui être enlevé.

« Etre ensemble » est devenu une chance qui n’est plus assurée et à ce titre, elle doit être conscientisée et préservée.

          D’autre part, chacun prend connaissance d’une réalité inédite : à l’instant T, il n’existe plus aucune « safe-place ». Il n’est plus question de guerre, de terrorisme, de conflits géopolitiques ou même d’épidémies endémiques dans des contrées éloignées, le virus du Covid-19 s’est sournoisement propagé et installé sur le Globe.

Et enfin, chacun peut comprendre.

Ailleurs, d’autres survivent et cherchent à améliorer ce postulat, sortir de l’hypervigilance, récupérer du contrôle sur leur vie et échapper à l’incertitude. L’Occident devient le mauvais élève et ses occupants des parias. Notre laxisme des premiers temps démontre une fois de plus notre pseudo-certitude que « rien ne pourra jamais nous arriver ».

          Mais face à l’adversité, l’humain dévoile encore ses ressources et se rapproche enfin de l’essentiel.

En effet, l’heure est à l’entraide.

Partout, les réseaux s’inondent de messages positifs, de mouvements de soutien et d’initiatives solidaires. L’individualisme confronté à l’isolement forcé donne naissance à un nouvel élément. La pression du temps s’est inversée, transformée. La patience a remplacé l’agitation.

          Les voisins proposent leur aide, les inconnus se disent bonjour lors des balades quotidiennes, les plus jeunes se préoccupent de leurs ainés, les mieux lotis s’inquiètent des moins chanceux. Chacun prend conscience de son interdépendance.

          De fait, l’humain se réfère aux autres pour juger de son propre comportement, ce qu’on appelle la norme sociale. Ainsi, cette norme de comportement nous montre à quel point il est important d’être l’exemple de son voisin. Encore et toujours, incarner le changement qu’on souhaite voir s’opérer.

De même, une nouvelle norme de jugement apparaît : l’ordre des métiers a changé, les héros enfin reconnus. Ces derniers nous rappellent qu’ils vivent une réalité parallèle à la nôtre. Qu’ils fassent partie du corps médical ou non, les travailleurs de première ligne risquent chaque jour leur santé et par extension celle de leurs proches. De longues journées mêlant doutes et dévouement.

          A chacun de vous, dont les limites ont été transgressées depuis longtemps, restez proches de vos familles, de vos amis, communiquez, échangez, continuez de vous imprégner des petites victoires.

Des lueurs dans la pénombre.

          Nous voilà tous réunis autour d’une cause commune : faire reculer la maladie. Se recentrer sur l’essentiel, soutenir par les mots, aider par le confinement,  aimer par l’éloignement.

Ai-je vraiment besoin d’un psy ?

Lorsqu’on souhaite aller voir un psychologue, c’est souvent lorsqu’on a le sentiment d’être au pied du mur.

Alors pourquoi hésitons-nous si longtemps ? Souvent, car nous avons le sentiment « de ne pas être fou »  ou  « de ne pas aller assez mal pour cela ». Il y a également ce vieil oncle qui aux dîners de famille taxe tous les psychologues de charlatans pratiquant du vaudou. Après cela, difficile « d’avouer ».

Lorsqu’on se décide à passer le cap, c’est régulièrement avec beaucoup d’appréhension. « Va-t-il me comprendre ? » « Vais-je être capable de me livrer à un inconnu ? » « Va-t-il vraiment pouvoir m’aider ? » et d’ailleurs « est-ce vraiment nécessaire ? »
Pour certains, il y a également la peur de se ruiner dans une thérapie interminable qui se concentrera sur les erreurs du passé sans jamais aborder le présent et surtout, l’avenir.

On se pose des questions sur le cadre. L’image renvoyée dans les films, séries et autres émissions dépeint un psychologue souvent passif et muet. Des séances ponctuées de « hmm hmm, et qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ? » où un patient allongé sur un divan se confie à un psychologue dans son dos (et où dans les pires scénarios, le psychologue va même jusqu’à s’endormir).

Et vous vous dites : « Dans ces conditions, trouverai-je réellement l’aide dont j’ai besoin ? »

     Sachez qu’aujourd’hui, il existe une multitude d’approches en psychologie. Presque autant que de psychologues.

Psychanalyse, thérapie cognitive-comportementale, thérapie systémique, thérapie brève, Gestalt, thérapie intégrative, hypnose, auto-hypnose, pleine conscience, et j’en passe ! 

Cela reste parfois flou mais nous aurons peut-être l’occasion de débroussailler tout cela lors d’un prochain article. En attendant, comprenons d’abord ce que l’on fait ici.


Dans la pratique actuelle, la plupart des psychologues ont délaissé le divan au profit du face à face permettant ainsi un soutien et un suivi en collaboration avec le patient.

Il est tout à fait possible de s’engager dans des thérapies brèves où le psychologue vous transmettra de vrais outils pour créer du changement dans votre vie de tous les jours. De longues conversations sur votre passé peuvent bien sûr être abordées mais il ne s’agit pas d’une condition sine qua non pour un bon suivi thérapeutique.

Si vous souhaitez prendre rendez-vous, renseignez-vous sur le cadre du professionnel, assurez-vous que son approche colle avec vos besoins et envies !



Pourquoi aller voir un psy dans ce cas ? 

  • Dans une société où il est souvent obligatoire d’aller bien, du moins aux yeux du monde extérieur, il est parfois agréable de pouvoir se rappeler qu’un moment de faiblesse dans votre vie n’est en rien honteux.
  • Rencontrer un psychologue, c’est également une occasion de confronter des questions à un esprit neutre et sans jugement (évitant ainsi les avis « tendancieux » des proches).
  • C’est un moment pour soi, totalement dédié. Une bulle d’air permettant une honnêteté totale sans crainte de représailles ou de jugement extérieur.
  • Il s’agit d’une occasion de réapprendre à s’aimer et devenir plus indulgent avec soi-même.

 

N’oubliez jamais que prendre soin de soi est la première condition pour prendre soin des autres ensuite.